Au fil de l’eau…

Qu’il est agréable de se balader en bord de Meuse lorsque le printemps pointe le bout de son nez, que les premiers rayons du soleil redonnent vie à la végétation et que les oiseaux reviennent de leur période de migration.

C’est la période idéale pour découvrir ou redécouvrir un paysage que l’on côtoie quotidiennement mais auquel on ne fait plus assez attention. Profitez du prochain beau week-end qui arrive pour enfourcher votre vélo et parcourir les 30 km qui séparent Namur de Dinant. En moins de 2h, vous pourrez relier les deux citadelles. A moins de jouer les touristes d’un jour et de profiter des possibilités que la Meuse offre.

L’offre touristique fluviale ne manque pas et il y en a pour tous les goûts. Pour les sportifs, direction « La Capitainerie » à Jambes. Vous pourrez alors vous initiez au paddle, très à la mode depuis quelques années, et même faire du yoga sur l’eau. Restons au même endroit pour ceux qui se verraient bien en capitaine, qu’il soit Nemo ou Haddock, puisque vous aurez la possibilité de louer des petits bateaux sans permis, les « Catamosans ».

Un peu plus loin, à Profondeville, les randonneurs pourront emprunter « La Belle de Frênes », une barque à rames qui vous emmènera sur l’autre rive, à Lustin. Là, un sentier mettra à rude épreuve vos mollets et vous récompensera une fois arrivé sur le site du Belvédère tellement la vue sur la Meuse y est incroyable. Les moins téméraires pourront simplement se laisser porter par l’eau et profiter de la compagnie du passeur (seulement en juillet et août).

Avant d’arriver à Dinant, petit arrêt à Annevoie, où on ne présente plus ses célèbres jardins. L’occasion alors de vous plonger dans cet écrin de nature apaisant avant de terminer votre balade et pourquoi pas profiter d’une croisière pour revenir vers Namur.

Mais à côté de ce tourisme plus traditionnel et il faut bien le dire, payant, pourquoi ne pas simplement flâner, regarder cette Meuse avec un œil nouveau et aller à la rencontre de ceux qui la côtoient.

Ceux qui y travaillent (sous-titre) (photo éclusier) (photo écluse)

Alain Pascal, la Meuse, il la connaît bien. Il grandi entre Huy et Liège, et au fil des années, se passionne pour le fleuve. Quoi de plus naturel alors que d’embrasser une carrière entièrement tournée vers l’eau.

En 1983, il commence à Liège, sur le canal de l’Ourthe, en tant qu’ouvrier des voies navigables. « Déjà à l’époque, on devait passer des épreuves. Je devais prouver que je savais manœuvrer une barque, faire des travaux d’entretiens et que je savais nager ».

Il arrive à Namur en 1988, d’abord en tant que chef de section de Meuse. Son travail consiste principalement à faire respecter les différentes autorisations. « Je faisais la police et j’avoue que j’avais tendance à être assez zélé. Certains bateliers ne m’aimaient d’ailleurs pas beaucoup même si maintenant on en rigole. Ce qui était chouette, c’est que je connaissais très bien tous les riverains de mon district ».

En 2004, il saisit l’opportunité qui lui est offerte de passer l’examen pour devenir éclusier à La Plante et tient depuis les commandes de celle-ci.

L’écluse est accessible du lundi au samedi, de 6 à 19h30. Le dimanche, l’horaire varie selon la saison et elle est réservée aux bateaux de plaisance. Il commence ses journées en faisant passer les premières péniches en attente dans les « garages ». Son travail consiste majoritairement à aider les usagers du fleuve lors du passage et renseigner les plaisanciers. Il reçoit également les écoliers, en visite pour un cours ou en classe verte.

De là-haut, Alain Pascal voit tout ou presque, « pour les zones moins visibles, on a les écrans de contrôle, mais il faut être constamment attentif, surtout pour les barques qui se voient beaucoup moins ».

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Sa vue imprenable sur l’écluse est également source d’une myriade d’anecdotes. Tantôt dramatiques comme ceux qui sautent dans le déversoir pour en finir avec la vie, tantôt drôles avec ceux qui décident de lancer la ligne du haut de l’écluse (pourtant strictement interdit) ou qui viennent installer leur serviette de plage pour bronzer.

Ce qu’il voit aussi, trop souvent à son goût, ce sont les imprudents. Ceux qui s’approchent trop près avec leur paddle ou ceux qui plongent dans l’eau à quelques mètres de l’écluse pour s’entraîner, « ils ne se rendent pas compte qu’on est vite aspiré et qu’il est alors quasi impossible de remonter, surtout qu’il nous faut entre 15 et 20 min pour fermer le déversoir ».

Et quand on lui demande ce qu’il préfère dans ce métier ? « Les échanges avec les bateliers. J’aime partager avec eux, on parle de ce qu’il se passe sur la Meuse. J’aime aussi entendre le bruit du cours d’eau et des bateaux ».

Alain Pascal aime tellement partager qu’il a créé un groupe Facebook, « Meuse namuroise », pour tous les passionnés.

Maman les p’tits bateaux… (Encadré)

Vous êtes vous déjà demandé où allaient les péniches que vous croisez sur la Meuse ? Et que transportent-elles ?

Les bateaux marchands qui passent l’écluse de La Plante (entre 5 et 10 par jour pour maximum 1350 tonnes) assurent principalement le transport de produits des carrières de Lustin ou d’Yvoir comme du sable, du grès, du gravier, de la fonte. Mais on peut aussi trouver des céréales, du charbon, du bois, des métaux ou de l’engrais.

Les péniches se dirigent généralement vers Givet où l’accès aux grands réseaux portuaires du Nord de l’Europe (Anvers et Rotterdam) est assuré.

Ceux qui y vivent (Sous-titre)

Je ne parle pas ici de ses riverains mais bien des animaux à plumes pour qui la Meuse est bien souvent un véritable refuge. C’est le moment de sortir ses jumelles et de partir à la découverte de la faune ornithologique des bords de Meuse. Quelles espèces peut-on voir ?

Sur l’île Vas-t’y-Frotte, classée « Natura 2000 », on peut trouver des colonies de grands Cormorans. Présents également sur les côteaux boisés.

Pour le reconnaître ? C’est un grand oiseau foncé, avec un long cou épais et un bec puissant. En vol, il rappelle une oie, mais a une queue plus longue. L’adulte est noir, avec

des reflets verts et pourpres brillants. Il a une tache jaune à la base du bec et des traces blanches sur le côté de la tête.

Sur les pentes mosanes, peut-être aurez vous la chance en été d’apercevoir, nichés dans les arbres, des hérons cendrés. Facilement reconnaissable grâce à son plumage gris, tout est long chez lui, des pattes au cou en passant par le bec. (photo héron)

En hiver, venant du nord, les mouettes rieuses et certaines espèces de Goélands prennent leur quartier chez nous. Ils forment alors des dortoirs. En journée, ils se nourrissent dans les campagnes et reviennent dormir sur la Meuse où ils sont protégés. (photo mouette)

La Meuse sert aussi de transit à certains oiseaux rapaces comme le balbuzard pêcheur (dit aussi fluviatile) qui se sert du fleuve comme repère. On peut le voir en avril quand il passe du nord au sud et en septembre quand il fait le chemin inverse. Le balbuzard pêcheur est aussi grand qu’une buse mais ses ailes sont bien plus longues (envergure 145 à 170 cm), sa silhouette est donc très différente. Avec un peu de chance et de patience, on peut observer ce rapace voler un instant sur place au-dessus du plan d’eau et ensuite plonger à toute vitesse les serres en avant. Le bruit de l’impact dans l’eau s’entend alors à plusieurs dizaines de mètres à la ronde.

A cause des berges artificielles, il n’est pas possible d’observer des mammifères aux alentours de Namur. Ceux-ci se trouveront plus facilement en Haute-Meuse ou près des rivières.

Ceux qui s’y détendent (sous-titre)

Pour dire vrai, j’ai cherché des pêcheurs le long de la Meuse mais je n’en ai pas trouvé (sans doute n’ai-je pas été assez matinale). Et puis, en rentrant chez moi, au détour d’un bras de la Sambre, j’ai rencontré Yvon. Après tout, un pêcheur reste un pêcheur, peu importe où il taquine le poisson. Il était en train de ranger sans canne, je me suis donc empressée de garer ma voiture pour aller à sa rencontre. Yvon Beaudauet connaît son affaire, ça fait 70 ans qu’il pêche et 5 ans qu’il vient à Floriffoux. Il est là pour les poissons blancs que l’on trouve dans cet étang : carpes, gardons, brêmes communes ou tanches. Je lui demande si les poissons ne sont pas dérangés par l’incessante circulation de la nationale juste devant, car après tout, on m’a toujours dit que la pêche devait se faire dans un grand calme, mais comme il dit « les poissons sont habitués, tant qu’il y a un appât, ça leur va ». Je quitte Yvon, lui qui aime tant la sérénité que lui procure cette activité, et décide d’en savoir plus sur ce sport/loisir. Je me rends donc à la Maison de la pêche à Namur pour me recentrer sur la Meuse. (photo Yvon)

La Meuse rentre dans la catégorie des eaux calmes. On peut y pêcher les poissons blancs dont Yvon me parlait mais on y trouve aussi des carnassiers comme la perche ou le brochet. Avec un matériel plus spécifique, on peut également remonter un silure glane, impressionnant poisson pouvant mesurer plus de 2 mètres de long et pesant plus de 100 kilos.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il y a une grande diversité au niveau de la pêche, car les pêcheurs ciblent souvent des espèces bien précises en utilisant des techniques différentes. Le plus important finalement est de bien connaître son milieu.

La pratique de la pêche est relativement libre sur la Meuse, pour peu qu’on possède son permis octroyé par la Région Wallonne, mais il existe des endroits où il est strictement interdit de s’installer. Que ça soit en barque ou sur le bord, vous n’avez pas le droit de lancer votre ligne dans les écluses, à 50 mètres en aval des déversoirs, dans certains confluents ou encore dans les zones refuges.

Loin de l’image figée qui lui colle à la peau, l’activité évolue. Les pêcheurs doivent aussi composer avec les espèces exotiques invasives que l’on trouve aujourd’hui dans la Meuse, comme le gobie. On trouve d’ailleurs aujourd’hui des leurres représentant un gobie, car les sandres aiment ce nouveau mets venu d’ailleurs. Les techniques aussi se diversifient, et certains n’hésitent pas à mettre à profit les technologies actuelles comme les drones pour aller placer leurs amorces.

On peut apprendre à pêcher très jeune, vers 6-8 ans, avec la technique de la pêche au coup. Il existe 21 écoles en Wallonie et la Maison de la pêche organise une école itinérante qui va à la rencontre des groupes (écoles, scouts, seniors, maison de quartiers, …).

L’an dernier, 62.000 personnes avaient demandé leur permis. Pourquoi pas vous ?

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